
une époque où le vacarme des slogans couvre la réalité de l’accomplissement, la sincérité du leadership ne se mesure pas à l’abondance des promesses, mais à la cohérence entre le discours et l’action, ainsi qu’à la capacité de transformer la parole en pratiques concrètes et tangibles. C’est dans cette perspective que se dessinent les signes du sérieux et de la crédibilité à travers l’adoption de la lutte contre la corruption comme ligne de conduite constante, en tant qu’engagement moral, devoir national et choix politique conscient, et non comme une simple formule protocolaire ouvrant les discours avant d’être refermée avec leur conclusion.
L’appel récurrent du Président à s’éloigner des comportements nuisibles au développement et à l’évolution de la société — au premier rang desquels la corruption et les pratiques tribales — s’est imposé comme une déclaration claire d’une bataille lucide contre tout ce qui freine la dynamique du développement et entrave le progrès continu et la prospérité de la société. Cet appel n’était pas une simple construction rhétorique élégante, mais une interpellation directe de la conscience collective, jetant les bases d’une nouvelle culture fondée sur la citoyenneté, l’égalité des chances et la primauté du droit, du moins telle qu’elle devrait être. Refuser la corruption, c’est rejeter la logique du privilège indu ; critiquer le tribalisme, c’est défendre un État ouvert à tous ses citoyens sans distinction.
Cette signification devient encore plus proche du public lorsqu’elle quitte la tribune du discours pour investir l’espace du ressenti humain. Lors de la première soirée du Festival des Villes du Patrimoine, à l’occasion de la récitation par le poète Ahmed Ould El-Walid de son poème expressif, suivie d’un “lghen” hassani à la fois riche de sens et de forme, l’interaction du Président est apparue manifeste, à travers une expression corporelle claire de sentiments positifs et sincères. L’écoute attentive, le sourire et l’émotion contenue furent autant de moments révélateurs, suggérant que la lutte contre la corruption ne se limite pas à des procédures administratives, mais relève d’une vision globale qui valorise la culture et accorde à la parole libre sa place dans la conscience collective et son rôle dans le portage des préoccupations et des aspirations des citoyens vers l’horizon de leur réalisation.
La sincérité du Président Ghazouani dans la lutte contre la corruption ne se lit donc pas uniquement dans les textes officiels ; elle se perçoit dans les attitudes, s’observe dans les détails et se ressent dans les instants d’interaction humaine authentique. Une interaction qui laisse entrevoir une conviction profonde quant à l’importance de combattre la corruption et à l’idée que le développement commence par l’assainissement des valeurs avant l’édification des infrastructures.
Si la sincérité de la posture constitue une condition première de toute réforme réelle, la lutte contre la corruption ne saurait être complète tant qu’elle ne passe pas du registre du discours et des élans sincères à celui de l’action institutionnelle rigoureuse. La bataille sérieuse contre la corruption est celle qui se mène par le droit, s’encadre par des procédures et se traduit par une reddition des comptes effective, sans exception ni logique sélective. Alors seulement les deniers publics sont protégés, l’État retrouve son autorité et la confiance du citoyen dans l’équité des institutions et l’efficacité des décisions se renforce. C’est à ce moment-là qu’il devient évident que la lutte contre la corruption n’est ni une émotion passagère ni un slogan circonstanciel, mais un processus cumulatif exigeant patience, fermeté et application stricte de la justice.
Dans ce contexte, il importe de valoriser cette orientation officielle sérieuse plutôt que de la minimiser. La critique constructive est nécessaire, mais elle perd tout son sens lorsqu’elle se transforme en déni systématique de toute avancée réformatrice ou en suspicion qui vide les efforts de leur valeur, même symbolique. Reconnaître les progrès, aussi graduels soient-ils, confère à la réforme son élan et fait de la lutte contre la corruption et le tribalisme un choix national fédérateur. Car cette bataille ne concerne pas uniquement le pouvoir : elle est la responsabilité de toute la société. Elle commence par la reconnaissance de la volonté politique et s’enracine lorsque la conscience collective devient partenaire de sa protection et soutien d’un État aspirant à dépasser la logique des allégeances étroites pour s’inscrire dans l’horizon de la citoyenneté, de la justice et du développement durable.

