Il est une tradition dans les pays démocratiques que les citoyens, hommes politiques et observateurs indépendants, évaluent les cent premiers jours, de l’action du nouveau gouvernement après sa mise en place, par un Président nouvellement élu.
Même si ce délai peut être considéré comme court et insuffisant pour une évaluation exhaustive de l’action du nouveau Gouvernement, et nonobstant la prochaine évaluation du programme provisoire annoncé par le PM et qui interviendra au début de l’année prochaine, le Front pour la Citoyenneté et la Justice (FCJ), conformément à ses engagements, sacrifie à cette tradition en donnant dans ce qui suit son appréciation sur l’exécution de cette partie du programme présidentiel au cours de cette période.
Aussi, conformément aux usages, et sur la base d’un engagement annoncé de publier une déclaration au terme des cent premiers jours de l’action du Gouvernement de son excellence Mr le Premier Ministre Moktar Ould Diay ( d’autant que notre Parti était le seul, à notre connaissance, à avoir présenté à son Excellence Monsieur le Président de la République, Vingt propositions pour cette période) et soucieux d’instaurer sur la scène politique nationale de bonnes pratiques notamment l’idée que la loyauté n’exclut pas le conseil, tout comme le soutien n’exclut l’évaluation, le FCJ déclare ce qui suit :
1/ Le discours que le Pm a prononcé devant le parlement fut un exercice d’un genre nouveau, tant dans sa forme que dans son contenu ; en effet ce discours a fait un bon diagnostic de la situation du pays et des défis les plus importants auxquels il était confronté ; les engagements pris devant les représentants de la Nation pour y faire face, étaient clairs et précis. Ce discours a suscité, dans l’opinion et chez beaucoup d’hommes politiques, des réactions plutôt positives.
2/Malgré les observations mitigées qu’a provoqué la formation de ce premier Gouvernement au vu des déséquilibres qui l’ont caractérisé, l’entame de ses travaux a été encourageante parce qu’il a ré-ouvert des dossiers et « visité » des secteurs restés jusque-là inaccessibles ; il a par ailleurs instauré un mécanisme de suivi - évaluation et d’accompagnement pour les grands projets annoncés dans le discours du PM . Certaines mesures importantes ont été prises comme la réduction des prix de certaines denrées de première nécessité, la poursuite du soutien aux couches vulnérables, l’instauration du bénévolat dont les principaux acteurs sont des jeunes, le licenciement d’administrateurs corrompus et autres mauvais gestionnaires, en étroite cohérence avec la lutte contre la gabegie, l’assistance aux populations de la vallée victimes des inondations consécutives à la montée des eaux du fleuve Sénégal, l’assistance aux populations des Wilayas de l’est pour endiguer la crise sanitaire.
L’annonce par le Président de la République d’un programme de développement multidimensionnel de la Ville de Nouakchott est venue clôturer les cent premiers jours du programme du Gouvernement
3/ Force est de constater cependant que durant ces cent premiers jours quelques aspects négatifs et inquiétants de l’exécution du programme annoncé ont été relevés ; il en est ainsi :
1- L’école républicaine comme alternative prometteuse et convaincante n’a pas tenu ses promesses ; l’ouverture chaotique et tatillonne de l’année scolaire, a fini par confirmer l’immobilisme qui caractérise ce secteur vital qu’est l’éducation de nos enfants ; les décisions prises concernant les écoles sous tutelle étrangère et consistant en leur exclusion du cadre méthodologique de l’école républicaine a été un facteur supplémentaire d’incompréhension et de rejet.
2- la baisse des prix annoncée n’a pas été rigoureusement appliquée et sa mise en œuvre a souffert d’un manque de coordination, laissant les commerçants agir à leur guise.
3- Les pénuries d’eau et les délestages intempestifs s’agissant de l’électricité se sont poursuivis et malgré cette situation, les factures d’eau et d’électricité sont restées élevées.
4- La lutte contre la corruption, tant dans son organisation (création d’institutions dédiées) que dans sa mise en œuvre, ou encore dans le traitement de certains dossiers, tarde à voir le jour
5- Les nominations aux postes de responsabilité demeurent assujetties au clientélisme et à la volonté de personnes influentes ; certaines de ces nominations suscitent des interrogations quant à la compétence ; la non restauration de la confiance et la réhabilitation, la non représentation dans l’appareil de l’Etat de certaines couches sociales qui renferment des compétences avérées, sont au nombre des insuffisances relevées.
La confiance est toujours là mais elle demande à être confirmée, à travers des actions concrètes lors de la mise en œuvre du reste du programme provisoire du gouvernement d’ici la fin de l’année 2024.
Front pour la Citoyenneté et la Justice
Nouakchott, mercredi le 13 Novembre 2024