
La France est empêtrée dans ses contradictions et finira, comme d’autres pays de la vieille Europe, par être gouvernée par les populistes et l’extrême droite. Ceci est d’autant plus probable que la classe politique française est en voie de "populisation" avancée.
Visiblement, le discours du hongrois Victor Orban et sa croisade anti-immigrés et anti-Islam sont devenus une référence, voire un modèle pour beaucoup de nostalgiques des croisades dans les vieilles démocraties occidentales.
En ce sens, le dernier discours d’Emmanuel Macron sur l’abaya (العباية) est on ne peut plus explicite. Clairement, les musulmans sont devenus la cible d’une surenchère sans limites et sans nuances. Celle-ci contribue y transformer des actes individuels commis par des terroristes en responsabilité puis en punition collective.
Il y a quelques années, on mettait en garde contre les "intégristes"; puis on a inventé le concept de "djihadistes", avant de passer aux "islamistes" et, maintenant, à glisser dangereusement vers les "Musulmans".
Aujourd’hui en France, n’importe quel musulman pratiquant est devenu potentiellement la cible d’un tel discours. Les seuls "bons" musulmans sont les non pratiquants. Les autres sont considérés comme de dangereux islamistes en puissance.
Pour preuve de ce populisme rampant, ce concept liberticide de "signes extérieurs de radicalité", appliqué exclusivement aux Musulmans, et dont l’interprétation est laissée à la discrétion des responsables locaux, ouvrant ainsi la voie à toutes les dérives, alors que la loi, par définition, devrait s’appliquer de manière uniforme et impersonnelle.
Si l’orthodoxie est devenue synonyme de radicalité, ce qui serait évidemment abusif, cela devrait alors s’appliquer aux juifs orthodoxes, mais aussi pour les catholiques dits "intégristes". Toutefois, on peut être radical dans ses idées, sans nécessairement transgresser la loi ni passer pour un extrémiste violent.
Du coup, le problème n’est pas d’être radical, mais plutôt de recourir à la violence pour imposer ses vues, d’où l’importance de centrer la communication politique sur la délégitimation de la violence. Les politiques qui font de tels amalgames ouvrent la voie aux extrémistes et à tous les islamophobes potentiels qui ne sont contre la religion que lorsqu’il s’agit de l’Islam.
Ce regain d’islamophobie va au-delà de l’anticléricalisme traditionnel, pour mettre ensemble des politiques et des intellectuels très attachés au catholicisme, mais qui demandent, la répression de toute forme de religiosité chez les Musulmans seulement.
Paradoxalement, ils demandent dans le même temps la reconnaissance dans la Constitution des racines chrétiennes de la France, tout en poussant en faveur d’une laïcité exclusive quant il s’agit de limiter la place de l’Islam dans la société française. Ils seraient même prêts à rendre la constitution plus liberticide et tordre le cou aux principes fondateurs de la République pour mieux réprimer les pratiques islamiques.
Ces mêmes politiques au discours clairement anti-islamiste, sont paradoxalement, les alliés de régimes autoritaires, dont certains ouvertement salafistes, dans le monde musulman; des régimes qui refusent toute forme de modernité politique, y compris la démocratie et les droits de l’Homme.
Heureusement, il reste encore en France des femmes et des hommes, des mouvements politiques et des courants intellectuels, qui sont conséquents par rapport aux principes auxquels ils se réferent et demeurent attachés aux valeurs ayant fait de la France le pays de naissance des droits de l’Homme.
Mohamed El Mounir

