Le Calame - L’enlisement de la guerre en Ukraine qui va boucler sa première année dans trois jours, la volonté des occidentaux à faire membres de l’OTAN la Finlande et surtout la Suède en profitant du terrible tremblement de terre en Turquie contre le véto de cette dernière pourtant prévu dans la charte de l’organisation, les changements climatiques dont résultent la fréquence des catastrophes naturelles sur l’ensemble du globe et la guerre ouverte qui se profile à l’horizon 2025-2026 entre la Chine et les Etats Unis présagent un bouleversement planétaire dans les toutes prochaines années.
En plus de l’ensemble de ces facteurs, la Mauritanie qui se situe juste au sud des tensions grandissantes entre le Maroc et l’Algérie, au nord-ouest du Sahel où il faut s’attendre à plus d’instabilité suite au départ des troupes françaises du Mali et du Burkina et au nord du Sénégal où se tiendra une élection présidentielle au cours très incertain l’année prochaine, doit trouver les moyens d’assurer son approvisionnement en hydrocarbures et en produits de première nécessité comme le blé, le sucre les engrais ou les médicaments.
Un secteur agricole vital
C’est aussi l’occasion pour ce vaste pays pourvu de terres arables et d’eau tout au long du fleuve Sénégal de fixer des objectifs chiffrés d’autosuffisance alimentaire. La tenue au début de ce mois d’un Conseil des Ministres dans la capitale du Trarza, Rosso, montre que les pouvoirs publics sont conscients de l’importance du secteur agricole pour notre économie pour ne pas dire pour notre survie avant le chamboulement mondial qui risque de perturber grandement et durablement les chaines de production ainsi les échanges internationaux.
Il est urgent de développer les infrastructures sur toute la vallée. Des routes aux usines de conservation et de transformation de fruits et légumes sont indispensables pour encourager les opérateurs privés à investir et diversifier leurs cultures. Chaque type de culture doit être précédé d’une étude d’impact environnemental et social validée par les pouvoirs publics. Il ne faut pas oublier que certaines cultures comme celle du pastèque sont très gourmandes en eau et c’est justement pour cette raison qu’elles sont interdites dans de nombreux pays.
C’est la raison pour laquelle beaucoup d’agriculteurs marocains viennent louer des terrains arables en Mauritanie. La gomme arabique qui a fait naguère la renommée de notre pays doit être réhabilitée avec un programme massif de reboisement de l’acacia ainsi qu’un accompagnement des populations dans les méthodes de sa cueillette afin de préserver durablement la filière.
Industrialiser l’économie
Le volet énergétique de notre approvisionnement est essentiel. Le projet d’hydrogène vert au nord de la Mauritanie doit faire l’objet d’une attention particulière. Comme il est souhaitable d’avoir un programme tendant à nous amener sinon approcher d’une indépendance énergétique.
Notre vaste territoire peu peuplé a des taux d’ensoleillement des plus élevés au monde. De même il contient des centaines de couloirs où le vent souffle presque toute l’année. Nous devons mettre l’accent sur la formation d’ingénieurs et de techniciens dans ces deux types d’énergie avec l’aide de partenaires au développement. En attendant d’arriver à cette indépendance énergétique, les pouvoirs publics doivent assurer par des contrats fermes l’approvisionnement du pays.
Malgré l’étroitesse de notre marché de l’énergie, la diversification de nos fournisseurs est essentielle. La mise en exploitation des champs gaziers off-shore et la perspective de production d’hydrogène vert sur notre territoire doit être l’occasion pour nous de réfléchir à une industrialisation de notre économie. La transformation de notre minerai de fer avec de l’énergie bon marché produite localement doit constituer une pierre angulaire de cette industrialisation.
Par sa position géographique, sa stabilité politique marquée par une transition démocratique et son environnement régional et international, la Mauritanie doit prendre les mesures qui vont lui permettre de profiter pleinement des bouleversements planétaires qui se profilent. Il n’est pas trop tard pour y arriver pourvu d’en prendre conscience.
Ahmed Salem ELY
Nouakchott, le 21 février 2023